Hurlements
Un murmure au creux d’elle dérange le silence. Il se propage lentement dans ses os, dans son ventre et lui fait entrevoir une disparition rêvée, un mort bénie, loin de vos yeux. Le murmure se fait grondement. Mais elle veut le faire taire, le cacher à vos oreilles, ne veut pas qu’il vous dérange. Alors, elle fait semblant d’être heureuse mais pas trop. Et la nuit, quand le grondement n’est plus couvert par les bruits du jour, elle le noie dans les alcools, elle vomit ses trippes, elle se vide d’elle-même.
Les années passent. Elles recouvrent sa douleur d’une poussière fine. Elle pense que tout est enfoui, lorsque soudain, un cri déchire son cœur. Un cri hurle au creux d’elle, elle n’en peut plus de vos désirs de la faire exister autrement, d’effacer une partie d’elle. Et elle se met à hurler contre vos mains que vous n’avez pas tendues, vos mains qui lui ont offert la peur et l’abandon. Elle hurle contre vos yeux qui n’ont pas vu son soleil terni, son ciel noirci, sa volonté et ses envies balayées.
Elle hurle, elle hurle, son hurlement rempli son monde. Elle s’effondre, elle hurle encore. Elle hurle à en mourir. Sans vie, elle se relève, enfin.