Toutes ces pensées dans nos têtes….
« Certains types de pensées dominent l’esprit et nous pèsent beaucoup. […] C’est comme si il fallait porter une valise pleine de cailloux sur la tête. On se sent mieux quand on la pose sur le sol. »
Jon Kabat-Zinn
Les deux jeunes femmes traversaient les mélèzes dorés, s’émerveillaient du bleu du ciel et du calme de l’air, sous la lueur du soleil d’automne. Déjà dans leur enfance, elles avaient l’habitude de partir ensemble à l’aventure découvrir le monde dans le lit asséché de la meunière, derrière la maison, protégées par le petit bois.
Des années avaient passé depuis ce temps-là. Celles-ci ne semblaient pas avoir eu prise sur Lisa qui chantait, souriait, tel un petit lutin à peine sortie de l’enfance. Claude, elle, semblait porter une partie des malheurs du monde sur ses épaules, s’étant appliquée tant bien que mal à satisfaire tout le monde, elle ne se retrouvait plus dans sa vie.
Lisa était devenue conteuse, marcheuse ramenant des histoires, des voyages et des rencontres et les transmettant avec la facilité et l’enthousiasme d’une enfant.
Je ne pense pas que Lisa se doutait de l’impact qu’aurait cette petite anecdote sur la vie de Claude. Claude, elle, s’en souviendra jusqu’à la fin de sa vie.
« C’était le premier jour d’une marche qui devait durait 7 mois » racontait Lisa. « J’avais tellement peur de ne pas avoir assez à boire que je buvais rarement et seulement petite goutte par petite goutte pour économiser l’eau. Toute la journée, je ne pensais qu’à ça, et si l’eau venait à me manquer ? Arrivée à destination, je tremblais et mes jambes ont lâché, je me suis effondrée. Tous les habitants du village m’ont entourée et on m’a donné à boire. Une fois que j’ai repris mes esprits, j’ai constaté que ma gourde était encore quasiment pleine. Avec cette peur de manquer d’eau qui m’a accompagnée tout le long du chemin, mon voyage aurait bien pu s’arrêter le premier jour déjà… »