Victime ou pas victime, telle est la question ?
« On est soit victime du célibat, soit victime de son mari. » m’a asséné catégoriquement Antoinette, la septantaine, alors que nous partagions un thé. J’ai essayé de voir dans ses yeux crispés un peu de malice. J’ai espéré voir se dessiner sur son visage tendu un mince sourire de plaisanterie. Mais rien. Se pouvait-il qu’elle se soit sentie victime durant toute sa vie, quoiqu’il se passe et quoiqu’elle fasse ? Cette manière de voir m’apparaissait caricaturale et définitive. Mais pouvais-je lui répondre « et bien, vois-tu, Antoinette, je contrôle tout et ma vie a toujours été et reste parfaite ? »
Au lieu de cela, je me suis tue et depuis j’y réfléchis.
J’ai été victime d’un abus dans mon enfance. Durant de nombreuses années, j’ai pensé que c’était de ma faute, personne ne m’avait dit que je n’y étais pour rien. Peut-être que ça leur semblait évident. Un jour j’ai compris que j’étais la victime. Depuis j’ai pu avancé et gentiment passer à autre chose.
Pourtant, je garde une habitude de ce temps-là, je ne suis pas la même à l’intérieur et à l’extérieur. Je garde ce que je ressens, ce que je pense, à l’intérieur. Je porte un masque silencieux à l’extérieur. De peur qu’on découvre mon secret, mes cauchemars, mes rêves, et qu’on les piétine, qu’on se moque, qu’on me juge. De peur de décevoir et de ne pas être aimée. De peur de ne pas être à la hauteur aussi.
Personne ne me maintient dans cette habitude solide, bien ancrée et tenace. Personne, à part moi. Je suis devenue victime de moi-même ! En prendre conscience me donne bon espoir : j’ai le reste de ma vie pour la changer en douceur !
« Oui, Antoinette, je suis aussi victime. Mais je pense aussi être libre. » Voilà ce que j’aurai pu lui répondre…
« Entre stimulus et réponse, il y a un espace.
Dans cet espace réside notre pouvoir de choisir notre réponse.
Dans notre réponse se trouve notre croissance et notre liberté. »
Viktor Frankle
Tres belle reflecion…merci… 😉
*reflexion
Merci à toi 😊