J’ai dit « YES » sans m’en rendre compte

Cette période magique commence, imperceptiblement, le temps ralentit, lentement, les choses perdent de leur importance, l’essentiel tend à se résumer à « être ensemble »…

Et « être ensemble » me ramène dans des souvenirs oubliés, et réveille gentiment des peurs anciennes. Une ombre rôde dans la pièce, prête à fondre sur moi à tout moment… Personne pour me défendre, seule, abandonnée, à sa merci… Dans mon enfance, l’ombre apparaissait lors des repas de famille, et surtout à Noël, et à mon anniversaire, le jour de l’An… Je devais partager cette période d’espérance, de renouveau, de joie, avec l’angoisse et la détresse.

Alors, avec le temps, j’ai développé un étrange pouvoir, quand je me sens en danger, sur le fil, prête à basculer, à dévoiler mes faiblesses, paf, je me transforme en barrage, en empilement de blocs de béton. De l’extérieur, il est immense, impassible, impressionnant. A l’intérieur, il est traversé par des kilomètres de galeries, de puits, de marches, d’hommes. Dans ses entrailles, la douleur peut hurler tellement fort, dehors, personne ne l’entend.

A force, faire le barrage fatigue,  je me sens coincée dans ses murs et c’est de plus en plus difficile de reprendre apparence normale pour aller gambader sur les sentiers vers le ciel, libre…

Je suis grande maintenant, et j’ai une urgente envie. Sans m’en rendre compte, ça s’est déjà passé vendredi soir. Au souper du boulot. 400 personnes. Ou plus. Angoissant. Eviter le plus de regards possibles. Faire le barrage. Ne rien montrer. Sauf que ce vendredi soir-là, le barrage s’est transformé en paisible petit lac de montagne. Était-ce bien moi ? Cette personne à l’aise qui discutait avec tout le monde et qui n’a pas vu le temps passer ? Cette personne qui s’est sentie à sa place ? Au souper du boulot !

Alors, maintenant, je sais que si quelqu’un me fait l’affront, durant ces fêtes, d’un « dis donc, et toi, c’est quand que tu nous fais un petit, faudrait bientôt t’y mettre ! », je peux choisir… entre le barrage immense, gris et écrasant… et le lac de montagne, calme, paisible, doux, lové dans une forêt de mélèzes…

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