Félicitée
Joséphine et Gontran ont été les premiers à qui nous avons annoncé notre mariage et ma grossesse. Le soir de carnaval. Autant capituler tout de suite, Joséphine remarquerait illico que je ne buvais pas d’alcool et saurait. J’avais une perruque bleue, des lèvres outrageusement roses, une minijupe et un haut à paillettes. Ce soir-là, Gontran m’a glissé à l’oreille « Tu dois être sur un petit nuage! » Je suis restée sans voix… Frappée par l’évidence : non, je n’exultais pas, je n’exhibais pas ma bague de fiançailles en sautillant et en poussant de petits cris aigus.
Alors je me demande… Y a-t-il un âge à partir duquel on se refuse l’enthousiasme ? La joie sans borne ? Avoir traversé quelques épreuves éteint-il tout cela ? Ou pire, devient-on blasé ? Et même un peu cynique ?
Comme me l’a fait remarquer ma chère cousine « il a quand même attendu 15 ans!… Et que tu sois enceinte… » Et oui… 15 années merveilleuses ont finalement fait passer au second plan le mariage, la robe blanche et les rêves de petite fille.
Et j’ai eu le temps de réfléchir. L’année passée, j’ai même commencé à développer une théorie. Après toutes ces années à féliciter amies, membres de la famille, collègues, vagues connaissances pour un mariage, une naissance, je me suis demandé pour quoi les féliciter, puisque ça roulait pour eux ? Ils n’y étaient pour rien si le prince charmant se muait en mari et si une cigogne leur livrait un bébé un matin de printemps. Il n’y avait pas vraiment d’efforts, de dépassement de soi, de sacrifices….
Pas comme mon amie Rose, 40 ans, célibataire, qui se bat pour faire tourner sa boutique et garder le sourire. Ou comme Joséphine, 30 ans, encore en formation, qui a le cœur écorché parce qu’elle doit attendre avant de mettre en marche le projet « bébé ».
Alors je n’ai pas envie d’en faire trop… Mais je ne devrais non plus pas m’interdire de savourer cette belle belle période…
Ce que je trouve magnifique, c’est que j’ai l’impression que la vie est devenue plus que le « je vais me marier, j’aurai deux merveilleux enfants et on habitera une maison près de la forêt ». Avec le temps, elle s’est élargie.
Et j’ai envie de profiter de ce moment spécial au milieu de cette vie, mais sans le rendre plus grand que ce qu’il est, sans le maquiller et sans le rendre superficiel.
Parce que le bonheur, il est silencieux. Une vague de douceur qui danse au creux du cœur.
Une phrase intense, avec le temps, la vie s’est élargie et une fin poétique et touchante. Merci Green Norden pour ce texte.
Merci Nadia… il m’a fallu du temps pour écrire cet article… Pas facile de trouver les bons mots… Mais ça m’a permis de comprendre que la vie, c’est immense, multiple, diversifié. Quelqu’un m’a dit en apprenant que j’étais enceinte, « maintenant, ta vie a un sens »… Devant ma mine déconfite, elle a répété « sans enfant, ça n’a pas de sens »… Je suis restée sans voix… la vie offre tellement de possibles, comment on est-on arrivé à la réduire à « un seul sens » ?
Je suis entièrement d’accord avec toi. La vie est belle de mille et une façons et les projections de désir ou de point de vue des autres personnes ne peuvent qu’être erronées tant nous sommes différents ou culpabiliser et faire du mal. Au plaisir de te lire et je te souhaite tout le bonheur possible. 🙂
« Parce que le bonheur, il est silencieux ». Félicitations ! Et merci pour ce texte.
Merci à toi ! Je ne sais pas si le bonheur est vraiment silencieux, j’ai l’impression parfois qu’il chantonne aussi, là par exemple, il sifflote en pensant à ton commentaire !
Belle chute, Green. Encore une fois, pour moi, un texte tendre et lucide.
Et puis c’est drôle, moi qui aime te lire, je n’ai pas vu passer ce billet. Il devait y avoir un trou ce jour-là dans le filet de mon Lecteur WordPress…
Allez, je retourne au suivant. Pour y plonger tête première. Ou devrais-je dire « coeur premier »… ?
Merci Caroline ♥