Lorsque j’oserai le grand plongeon ~ Yes Project #3
Il y a quelques jours, je prenais part à un week-end de méditation vipassana, assez curieuse de découvrir ce qui aller surgir cette fois-ci…
La première fois, l’été passé, ce fut la certitude d’être au bon endroit, cette impression que tout ce qui avait précédé m’avait conduit à ce banc, cette tasse de thé chaud, cette vue incroyable et ce sentiment profond de paix.
La deuxième fois, en automne, j’ai été prise par une gratitude envers mon père, gratitude qui ne m’avait jamais effleurée jusqu’à présent et que je ne savais même pas avoir en moi… Les larmes n’en finissaient pas…
Et cette fois… cette fois… ce fut tout autre chose. Mise face à face avec la réalité pure et dure… Depuis, j’essaie de trouver des réponses à mon refus de cette réalité, chez mon frère, futur prêtre, chez ma mère, pratiquante et croyante invétérée. Ils me donnent des explications quant au pourquoi. Mais face à ces « parce que », je dois bien admettre que la seule réponse qui me satisfasse est celle-là : « je ne sais pas ».
Et je n’arrête pas de lutter contre cette réalité… Peut-être quelle me montre simplement toute ma vulnérabilité, mon impuissance, mes peurs les plus refoulées, et que cela bute contre tout ce qu’on m’a appris jusqu’à présent : être forte, responsable de mes actes, les deux pieds sur terre, coriace, persévérante, orgueilleuse…
Pourtant, quand je tiendrai ce bébé dans mes bras, il faudra bien que je fasse le grand plongeon, que je cesse cette lutte, que j’accepte cette réalité, cette peur : je ne pourrai jamais le garder à l’abri du monde, de la vie, et le protéger contre tous les coups durs.
Il va tomber, être blessé, blesser, ne pas obtenir tout ce qu’il voudra, il refusera de tendre une main, sera malade, peut-être abusé, il perdra ce qui compte le plus à ses yeux. En une phrase : il va vivre…
Il me reste à lui permettre d’être vulnérable… à lui apprendre la douceur… et à lever les yeux de ses pieds pour qu’il découvre aussi l’autre face de la vie… et pour qu’il ose le grand voyage…
C’est toujours une joie de te lire. Ta sensibilité, et ta belle lucidité.
En arrivant à la fin de ton texte, m’est revenu en tête ce texte poétique de Khalil Gibran, tiré du livre Le prophète… De quoi méditer un peu sur cette grande question qu’est la relation avec nos enfants. Peut-être le connais-tu déjà ce texte, mais le voici quand même, dans sa version d’origine. Si l’anglais te pose problème, tu trouveras différentes traductions sur le web. Belle fin de journée à toi, Green Norden.
And a woman who held a babe against her bosom said, « Speak to us of Children. »
And he said:
Your children are not your children.
They are the sons and daughters of Life’s longing for itself.
They come through you but not from you,
And though they are with you, yet they belong not to you.
You may give them your love but not your thoughts.
For they have their own thoughts.
You may house their bodies but not their souls,
For their souls dwell in the house of tomorrow, which you cannot visit, not even in your dreams.
You may strive to be like them, but seek not to make them like you.
For life goes not backward nor tarries with yesterday.
You are the bows from which your children as living arrows are sent forth.
The archer sees the mark upon the path of the infinite, and He bends you with His might that His arrows may go swift and far.
Let your bending in the archer’s hand be for gladness;
For even as he loves the arrow that flies, so He loves also the bow that is stable.
Merci Caroline… Du fond du coeur…
Et ce texte tout en mouvement qui contraste tant avec la paralysie que j’ai ressentie quand j’ai pris conscience de cette peur en moi! Merci
Et cette photo est magnifique.
Merci de partager avec nous tes appréhensions et tes craintes de future maman. Tu en es à combien de mois ? Le sens-tu déjà se déplacer et vivre ? C’est merveilleux n’est-ce pas ? Tu ne peux pas le garder à l’abri de la vie parce qu’il vit déjà en toi et tu peux te féliciter de tous les bons moments à venir en sa présence et je te souhaite tout le bonheur possible. 🙂
Tu as raison, je ne peux pas le garder à l’abri, je commence à l’accepter… Je commence le 6 ème mois… Il bouge! Surtout à 15h15 🙂 pour me rappeler d’aller à la pause avec les collègues 😉 impossible maintenant de faire comme s’il n’était pas là… Merci pour tes mots Nadia et à bientôt
De rien, c’est beau ce qu’il t’arrive. Profites-en 🙂 A bientôt !