La frontière du JE
J’ai le cœur lourd. De la peur ? ça y ressemble. J’ai l’impression d’avoir complètement perdu mes repères. C’est ça. Je n’arrive pas à comprendre. Pourtant je m’y efforce de toutes mes forces. Sans résultat. Je n’arrive pas à y voir du sens. Nous n’aurions pas de véritable « je » ? Non, non et non, je refuse. Il me faut revenir en arrière, oui, c’est ça, revenir à avant. Avant cette retraite de méditation. Tout allait bien avant. J’étais heureuse, insouciante, remplie de ce projet d’écriture ! Parce que maintenant, à quoi bon ? A quoi bon écrire si je n’existe pas. Est-ce que je n’existe pas ?
Oh, je vois d’ici ma mère, une bonne catholique, jubiler. Elle n’a jamais approuver mes participations à ces retraites vipassana. Elle était d’ailleurs toute contente de me dire « Si tu ne peux pas l’expliquer, c’est que ça n’a pas de sens! » Mais l’espace d’un instant, j’ai pu l’expérimenter! Si seulement, l’enseignement avait pu rester au stade du « concept incompris » !
Cet enseignant est inconscient ! Me, nous, lâcher seul(e)s dans la nature après ça ? Il nous a pourtant averti « A trop y penser, vous risquez de vous cramer les cerveau ». Me demander de ne pas y penser, à moi !
J’exige de pouvoir continuer à vivre comme avant… me refugier dans mon monde imaginaire… me morfondre sur mon passé… m’apitoyer sur mon sort… Je veux continuer à me dévaluer tout en essayant simultanément de créer la meilleure version de moi-même. JE continuerai jusqu’à ma mort, comme ma grande tante à 80 ans, à me mettre de la crème anti-rides sur ma peau douce et plissée de vieille dame. Je continuerai à me conformer à toutes les injonctions qui me promettent une vie meilleure si je mange de ça, si j’achète ça et si je me mets à faire ce sport-là.
Et d’ailleurs, si je n’existe pas, quelles seraient les raisons pour continuer ?
Un doute m’assaille, j’ai prévu une autre retraite en septembre, oh non, oh non, il faut vite que je vérifie… Horreur, c’est le même thème, « le soi et le non-soi ». Le soi ? Il y aurait donc aussi un soi ?
Une solution, vite… Je ne veux plus y penser. Trop déroutant. Les films d’Harry Potter ! Je vais regarder les films d’Harry Potter. Une participante à l’atelier d’écriture avait demandé à l’animatrice si elle pensait que J.K. Rowling savait pour le début pour Rogue… J’avais abandonné la saga au début du 3ème volume, mais depuis cette remarque, je brûle de connaître le fin fond de l’histoire de Rogue. Mais quelle fuite parfaite !
Où que tu ailles, Green, reviens ici le raconter.
Tu le fais franchement bien. J’aime te lire.
Merci Caroline !